Un certain nombre de projets d’aménagement du territoire sont concernés par des enquêtes publiques, consultations du public ou des études d’impacts. Pour ceux-ci, BUFO est généralement informé et vigilant quant aux dégradations qu’ils peuvent engendrer sur les habitats des reptiles et amphibiens. Nous agissons en avertissant les autorités des risques que ces projets font peser sur la biodiversité, sensibilisons élus et citoyens et dans certains cas, participons à des actions juridiques par l’intermédiaire notamment d’Alsace Nature. Par exemple, cet été à Lohr, à l’appel des habitants de cette petite commune des Vosges du Nord, nous sommes intervenus pour signaler la présence du Sonneur à ventre jaune sur un site qui devait être transformé en décharge de gravats, bloquant ainsi le projet.
Mais il existe toutes sortes de « petits » projets, comme la création de lotissements ne dépassant pas 10 hectares, qui nous passent sous le nez ! Prévus par les PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal), leur mise en travaux n’est pas soumise aux études d’impacts environnementaux. Ils peuvent néanmoins s’avérer destructeurs en réduisant encore un peu plus les ceintures vertes autour des villages, les corridors écologiques, les haies, vergers ou les milieux humides… Tous ces petits habitats riches en diversité biologique mais qui ne sont peu ou pas protégés sinon par la volonté des citoyens de protéger la nature.
Nous en appelons donc à la vigilance de vous toutes et tous, dans votre commune ou les communes voisines. N’hésitez pas à nous interpeller si vous avez connaissance de projets de ce type qui pourraient engendrer des destructions de milieux. Nous rappelons que tous les reptiles et la plupart des amphibiens sont protégés, pour certains leurs habitats aussi. La loi nous donne donc des moyens d’agir, pas uniquement pour les espèces menacées. Certes, ce ne sont pas des GCO et autres grands projets qui rasent des centaines d’hectares mais mis bout à bout, ces « petits » projets participent à la destruction de la biodiversité à l’échelle régionale. Si vous êtes naturalistes, nous vous encourageons à observer les reptiles et amphibiens près de chez vous et à transmettre ces données sur faune-Alsace, et ce, pour toutes les espèces ! En effet, ces observations ne servent pas qu’à améliorer les connaissances en termes de répartition, mais aussi à localiser les populations sur des sites où des destructions pourraient survenir. N’hésitez pas non plus à consulter le PLUI de votre commune et ses projets de modifications. Bien entendu, si vous êtes témoins de destruction d’habitats (comblement de mare, destruction de haies…), vous pouvez nous le signaler.
La sauvegarde des reptiles et amphibiens d’Alsace passe par la sauvegarde de la « nature de proximité » ! Celle-ci s’avère parfois soumise à une très forte pression en milieu rural ou à proximité des grandes villes. Les reptiles et amphibiens vivent sur des domaines vitaux réduits et sont très liés à des micro-habitats, depuis la petite mare au vieux mur de pierres. La destruction de ces habitats signifie en général la destruction totale d’une population ou ajoute à la fragmentation des populations qui finissent par dépérir à petits feux. Nous pouvons agir, chacun à notre niveau, pour que l’Alsace ne devienne pas, un peu plus chaque année, un paysage de béton-goudron-gazon entouré d’un désert de maïs.
Vincent NOËL, Président de BUFO